Quand Donald Trump se met à vanter les mérites d’une marque en pleine conférence de presse, difficile de ne pas se poser la question : était-ce une publicité déguisée ?
Si oui, était-ce une bonne publicité pour Tesla ? Ipsos US s’est penché sur la question en testant la séquence auprès du public américain. Verdict : l’Amérique est plus divisée que jamais.
Une “pub” Tesla signée Trump : maladresse ou stratégie calculée ?
Le concept même de publicité a évolué. À l’ère des réseaux sociaux, du marketing expérientiel et des campagnes conçues pour devenir virales, une simple prise de parole peut avoir l’impact d’un spot publicitaire. Dans le cas de Tesla, c’est le président des États-Unis lui même qui s’est chargé du placement de produit.
L’image est marquante : Trump, debout devant des Tesla sur le parvis de la Maison Blanche, énumérant les prouesses de la marque. Pas d’achat média, pas de réalisation léchée, mais un impact potentiellement énorme. Ipsos a soumis un extrait de cette conférence à 250 Américains ayant un intérêt pour l’achat d’un véhicule. Leur réaction ? À la hauteur des clivages politiques du pays.
Un accueil radicalement différent selon l’orientation politique
Les résultats de l’étude montrent un effet spectaculaire sur la mémorisation. Ce clip fait partie du top 5% des publicités les plus marquantes jamais testées par Ipsos. Pas surprenant, quand on y pense : il met en scène une des figures politiques les plus polarisantes au monde et le patron de Tesla, Elon Musk.
Mais ce souvenir ne joue pas en faveur de Tesla pour tout le monde. Chez les électeurs républicains, l’initiative est perçue comme positive :
“C’était sympa de la part de Trump de faire ça pour Elon Musk. Tesla mérite d’être soutenu, les gens devraient arrêter de boycotter la marque.”
Du côté des démocrates, en revanche, le ton est bien différent :
“Pourquoi je perds mon temps à regarder un milliardaire en aider un autre milliardaire alors qu’il y a des problèmes bien plus graves aux États-Unis ?”
Si l’objectif était de faire parler de Tesla, c’est réussi. Mais du point de vue de l’image de marque, les résultats sont beaucoup plus nuancés.
Un pari risqué pour Tesla
Tesla bénéficie d’un énorme capital de notoriété, et ce coup médiatique l’a encore renforcé. Mais la marque joue sur un terrain dangereux. Les résultats montrent que si la vidéo suscite de fortes réactions émotionnelles – un bon indicateur de mémorisation publicitaire – elles sont négatives chez une large partie du public.
Le problème ? Tesla vend des voitures électriques, un marché qui attire historiquement un public plus progressiste, soucieux de l’environnement. Or, ce sont précisément ces consommateurs qui rejettent massivement cette prise de parole. À l’inverse, les électeurs républicains, qui ont généralement peu d’appétence pour les véhicules électriques, sont les plus réceptifs au message. Une équation difficile à résoudre pour Tesla, dont les ventes ont déjà été fragilisées ces derniers mois et dont l’action a baissé de -40%.
Un repositionnement stratégique ou un simple coup de buzz ?
Si l’on regarde les données, la prise de parole de Trump pour Tesla semble plus être un coup de communication ponctuel qu’une réelle stratégie de repositionnement. Attirer un public conservateur vers l’électrique nécessiterait bien plus qu’un soutien présidentiel : il faudrait aussi répondre à leurs inquiétudes sur l’autonomie des batteries, l’accessibilité des bornes de recharge et le prix des véhicules.
En attendant, Tesla risque de voir son image continuer à se dégrader auprès des consommateurs de gauche, qui restent aujourd’hui sa cible naturelle. Et si ce mouvement est vraiment stratégique, il faudra bien plus qu’une “pub” improvisée pour convaincre la droite américaine que la voiture électrique n’est pas une “wokemobile”.
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Alors, Tesla a-t-il gagné ?
Sur le plan de la visibilité, oui. Sur celui de l’efficacité publicitaire, c’est bien plus discutable. L’énorme notoriété de cette prise de parole ne se traduit pas automatiquement par des ventes, et Tesla semble désormais pris dans un dilemme : comment séduire un nouveau public sans se couper de son audience traditionnelle ?
D’autant plus qu’il faut regarder la Big Picture, et que cette « publicité » est plutôt une tentative de sauvetage de Trump pour Elon Musk. Elle ne traite pas le fond du problème : un dirigeant beaucoup trop clivant qui dessert Tesla avec sa prise de position politique radicale.
Et une seule certitude : cette affaire prouve une fois de plus que la frontière entre publicité, politique et communication de marque est plus floue que jamais.
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