Avec une campagne audacieuse et un film décalé, l’Association Valentin Haüy (AVH) s’attaque à une aberration législative qui prive les personnes devenues déficientes visuelles après 60 ans d’une aide adaptée.
Accompagnée de l’agence Josiane, l’association entend mobiliser l’opinion publique pour faire bouger les lignes.
Une loi obsolète face à un enjeu grandissant
En France, près de 2 millions de personnes souffrent d’un handicap visuel, et ce chiffre ne cesse d’augmenter avec le vieillissement de la population. Les pathologies liées à l’âge, comme la DMLA, le glaucome ou la cataracte, sont en constante progression. Selon l’OMS, le nombre de déficients visuels pourrait tripler d’ici 2050, posant un défi majeur en termes de santé publique et de société.
La loi de 2005 sur le handicap (loi n° 2005-102) avait pourtant promis d’éliminer, dans un délai de cinq ans, la limite d’âge de 60 ans pour bénéficier de la Prestation de Compensation du Handicap (PCH). Or, près de 20 ans plus tard, cette disposition n’a jamais été mise en application. Résultat : les personnes devenues malvoyantes ou aveugles après 60 ans ne peuvent pas prétendre à une aide complète, ce qui accentue leur isolement et leur perte d’autonomie.
Un film choc pour réveiller les consciences
Pour dénoncer cette injustice, l’agence Josiane et l’AVH ont créé un film de cinq minutes qui mêle comédie, parodie et humour noir. L’intrigue démarre dans un cadre familial rassurant : un anniversaire célébré dans la joie et la bonne humeur. Mais tout bascule lorsque le héros apprend, via un mystérieux appel téléphonique, qu’il perdra ses droits à une aide adaptée s’il devient aveugle après ses 60 ans.
Ce coup de théâtre plonge les invités dans une frénésie absurde : chacun cherche à perdre la vue avant l’échéance fatidique, usant d’objets du quotidien comme des bougies, des talons aiguilles ou encore des bouchons de champagne. La scène, hilarante et grotesque, est portée par la chanson culte de Charles Aznavour « Avec ces yeux-là », renforçant le contraste entre l’absurde et le sérieux du message.
Mobiliser pour une cause essentielle
Diffusé sur les réseaux sociaux à partir du 27 novembre, le film s’accompagne d’une invitation à partager massivement la campagne pour interpeller les décideurs politiques. L’objectif : faire pression pour que la limite d’âge de la PCH soit enfin abolie, permettant ainsi à toutes les personnes en situation de handicap visuel de bénéficier des aides nécessaires, quel que soit leur âge.
Valérie Carlon, Responsable Communication de l’AVH, insiste sur l’urgence de cette réforme : « Perdre la vue après 60 ans est une épreuve terrible. Se retrouver sans accompagnement adapté à cause d’une limite d’âge injustifiée est tout simplement inadmissible. »
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Une approche disruptive qui fait mouche
Avec ce film, Josiane adopte une stratégie rare dans la communication sur les causes sociales : faire rire pour sensibiliser. Jérôme Diez, Directeur de Création chez Josiane, explique : « Cette loi est aussi absurde que la situation que nous avons imaginée dans le film. En jouant sur des codes du cinéma de genre, nous avons voulu interpeller tout en divertissant, pour marquer les esprits durablement. »
Ce parti pris créatif, qui détourne les clichés des films d’horreur et des séries B, reflète une volonté de sortir des sentiers battus pour aborder un sujet souvent ignoré. Le message est clair : la législation actuelle est déconnectée des réalités du vieillissement et doit être réformée de toute urgence.
Un appel à l’action collective
En mettant en lumière cette incohérence législative, l’AVH espère mobiliser l’opinion publique et les pouvoirs politiques pour corriger une injustice majeure. Ce combat dépasse le cadre individuel pour s’inscrire dans une réflexion plus large sur la manière dont notre société accompagne le vieillissement et le handicap. Une pétition sur le sujet a également été mise en ligne, à signer ici.
La campagne, à la fois audacieuse et nécessaire, invite chacun à jouer un rôle dans ce changement. Parce qu’être aveugle après 60 ans ne devrait jamais signifier être abandonné.
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