“Les prédateurs sexuels vous disent merci” : quand une campagne met en lumière les dangers du sharenting

Les parents aiment partager les moments forts de la vie de leurs enfants : leur premier sourire, leurs premiers pas, ou même leur premier jour d’école.

Pourtant, ce geste apparemment innocent, qui semble anodin pour beaucoup, pourrait bien se transformer en un véritable cauchemar pour l’enfant concerné. C’est précisément ce que souhaite dénoncer la campagne choc lancée par l’association Caméléon en partenariat avec l’agence LIBRE MullenLowe.

Le « sharenting », un geste pas si inoffensif

Le phénomène du « sharenting » (contraction de sharing et parenting) désigne la pratique de partager des photos de ses enfants sur les réseaux sociaux, et il est loin d’être rare. Selon les études, plus d’un parent sur deux en France a déjà posté des photos de son enfant en ligne, souvent sans mesurer l’ampleur de cet acte. L’intention peut paraître innocente : montrer à la famille éloignée, garder une trace des souvenirs, ou encore simplement exprimer leur fierté. Mais ces images ne se contentent pas de rester dans le cercle fermé des proches. Sur internet, elles peuvent être vues, téléchargées et utilisées à des fins beaucoup moins bienveillantes.

C’est là qu’intervient cette nouvelle campagne de l’association Caméléon, avec un message percutant : « Les prédateurs sexuels vous disent merci ». Derrière cette phrase provocatrice se cache une réalité glaçante : les photos postées en ligne ne sont jamais totalement à l’abri de détournements, de captures d’écran ou de téléchargements par des personnes mal intentionnées.

Une vidéo choc pour provoquer une prise de conscience

La campagne, lancée le 8 octobre dernier, met en scène une situation qui illustre de manière frappante ce que les parents font chaque jour en ligne. Dans le spot, une mère tend des photos de sa fille à des inconnus dans la rue, accompagnant chaque cliché de détails très personnels : son prénom, l’école qu’elle fréquente, ses habitudes… Le malaise est palpable, mais cette scène soulève une question essentielle : combien d’informations sommes-nous prêts à partager sur nos enfants sans même nous en rendre compte ?

En transposant ce comportement au monde réel, la campagne met en lumière le côté absurde, voire dangereux, de certaines pratiques en ligne. « Si cette scène vous paraît choquante, pourquoi ne le serait-elle pas sur les réseaux sociaux ? » s’interroge le film. L’association souhaite rappeler que chaque image postée expose aussi des informations précieuses sur les enfants : les lieux qu’ils fréquentent, les personnes qu’ils côtoient, leurs habitudes, voire leurs vulnérabilités.

 

Des conséquences parfois dramatiques

Les conséquences de ces publications peuvent être lourdes. En France, 40 % des personnes ayant consulté du contenu pédocriminel sur internet cherchent ensuite à entrer en contact avec des enfants. Autrement dit, chaque photo d’enfant en ligne peut devenir un potentiel point d’entrée pour un prédateur, que ce soit par des messages privés ou, pire, en traquant physiquement l’enfant.

De plus, les parents oublient souvent que les photos des jeunes enfants, qu’ils jugent “mignonnes” ou “rigolotes” à l’instant T, risquent de se retourner contre eux plus tard. En grandissant, ces enfants pourraient avoir honte de ces clichés ou être confrontés à du cyberharcèlement si leurs camarades tombent sur des images embarrassantes.

Pour Anne-Lise Merle, directrice de l’association Caméléon, « il est crucial de rappeler que ce qui est posté sur internet reste sur internet, même si le profil est privé. » Cette campagne s’adresse donc directement aux parents, les incitant à prendre du recul sur leur pratique du sharenting et à réfléchir aux impacts potentiels pour leurs enfants.

Comment protéger ses enfants en ligne ?

La campagne de Caméléon se veut avant tout un appel à la prudence. Plutôt que de bannir totalement la publication de photos d’enfants, l’association encourage les parents à adopter de bonnes pratiques pour réduire les risques. Voici quelques recommandations :

  • Limiter l’accès aux publications : Utiliser des paramètres de confidentialité stricts et restreindre la visibilité des photos aux amis et à la famille proche.
  • Éviter les détails personnels : Ne jamais indiquer d’informations comme le nom complet, l’école, l’adresse ou les activités régulières.
  • Flouter les visages ou utiliser des emojis pour masquer l’identité de l’enfant si vous tenez absolument à partager un moment de vie.
  • Demander le consentement de l’enfant : Si l’enfant est en âge de comprendre, il est essentiel de lui demander s’il est d’accord pour que la photo soit postée.

Changer les mentalités : une mission à long terme

Au-delà de cette campagne, l’objectif de Caméléon est de changer les mentalités sur le long terme et d’éduquer les parents sur les risques du sharenting. À l’instar d’autres associations comme la CNIL, qui alerte régulièrement sur la protection de la vie privée des mineurs, Caméléon espère qu’en sensibilisant les parents, les enfants de demain seront mieux protégés.

Avec cette campagne percutante, l’association met le doigt sur un enjeu crucial de notre époque hyperconnectée : comment préserver la vie privée des plus vulnérables tout en profitant des possibilités de partage offertes par les réseaux sociaux ? Une question qui, espérons-le, trouvera une réponse dans une prise de conscience collective.

Pour plus d’informations sur la campagne et les bonnes pratiques de publication, rendez-vous sur le site officiel de l’association Caméléon.

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Gabriel Teisson

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