Quand la pollution plastique passe du fond des océans à nos veines, l’indifférence n’est plus une option.
Avec son projet Plastic Blood, la biotech brésilienne OKA, en collaboration avec l’agence DM9, frappe un grand coup. En extrayant des microplastiques présents dans des poches de sang usagées pour en fabriquer des objets du quotidien via l’impression 3D, la marque rend tangible un problème invisible : le plastique s’infiltre partout, même en nous.
Du sang contaminé aux objets familiers : un choc visuel pour réveiller les consciences
Le concept derrière Plastic Blood est aussi brillant que glaçant : utiliser des microplastiques extraits de 450 litres de sang jeté pour imprimer des objets aussi banals qu’une tasse, une paille ou une bouteille. Ces objets, exposés dans une galerie à São Paulo avant une tournée nationale jusqu’à la COP30 de Belém, matérialisent une réalité qui fait froid dans le dos : nous ingérons l’équivalent de 30g de plastique par semaine, soit jusqu’à 25 kg sur une vie.
Cette campagne détourne l’imaginaire habituel lié à la pollution plastique — plages souillées, tortues piégées dans des sacs — pour nous confronter à un terrain beaucoup plus intime : notre propre corps. Le pari de OKA et DM9 est clair : passer de l’inaction à l’indignation, en mettant en lumière ce que l’on ne voit pas et dont on ne parle pas assez.
Un vrai coup de génie créatif qui transforme une crise écologique en alerte sanitaire d’envergure mondiale.


Le Brésil face à ses responsabilités dans la crise plastique
Le contexte brésilien rend cette initiative encore plus percutante. Quatrième plus grand producteur de déchets plastiques au monde, le pays recycle à peine 1 % de sa production. Résultat : des montagnes de plastique se retrouvent dans les océans, dans les sols… et désormais, dans notre sang.
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En lançant Plastic Blood, OKA ne se contente pas d’alerter : l’entreprise propose aussi une alternative concrète. Basée au cœur de l’Amazonie, elle développe des emballages 100 % biodégradables et compostables, conçus à partir de fécule de yuca, une plante locale comestible. Une solution qui soutient l’économie régionale, nourrit la terre une fois dégradée, et pourrait contribuer à réduire drastiquement l’empreinte plastique du pays.
Pour Erika Cezarine, CEO d’OKA, l’enjeu est de sortir le débat du cercle des initiés et de faire de la pollution plastique un vrai sujet de santé publique. Et quoi de plus parlant que de montrer ce plastique qui circule silencieusement dans nos artères ?
Plastic Blood : un tournant dans la communication environnementale
Avec Plastic Blood, OKA et DM9 proposent un nouveau modèle d’activisme visuel : fini les discours larmoyants sur les océans meurtris. Ici, l’ennemi est en nous, et il devient impossible de détourner le regard. Laura Esteves, directrice créative chez DM9, le résume parfaitement : “Il fallait rendre le microscopique visible, émotionnel et médiatique.”
Cette stratégie choque, certes, mais elle est terriblement efficace. Elle invite chacun à repenser son rapport au plastique au quotidien, non pas pour sauver des tortues à l’autre bout du monde — mais pour se sauver soi-même.
En transformant un problème environnemental en crise sanitaire palpable, Plastic Blood pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont les marques et les ONG parlent de l’écologie : moins de culpabilisation abstraite, plus de réalisme brut. Parce qu’à force de croire que la pollution est “ailleurs”, nous avons fini par l’accueillir dans notre propre sang.
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