Avec des images spectaculaires de l’Amazonie et d’autres régions frappées par la crise environnementale, Greenpeace Brésil signe une campagne saisissante baptisée « Que Planeta É Esse? ».
Une initiative qui mêle art visuel, documentation et engagement politique pour réveiller les consciences face à une réalité déjà bien tangible.
Des paysages réels qui semblent venir d’un autre monde
Pour cette nouvelle campagne, aucun recours à l’intelligence artificielle ni effets spéciaux hollywoodiens. Les images, bien que presque irréelles, sont bel et bien tirées de prises de vues aériennes réalisées sur le territoire brésilien. C’est précisément cette tension entre le réalisme cru et l’esthétique quasi extraterrestre qui donne tout son poids au message.
Réalisée par l’agence Beta Collective et les Irmãos Meirelles, la campagne met en scène des zones profondément affectées par le dérèglement climatique : la sécheresse à Gilbués (Piauí), les rivières en crise comme le Coari ou le Rio Negro, les forêts dévastées autour de Tefé et Porto Velho… Autant de noms familiers aux Brésiliens, transformés en décors désolés, dignes d’un film post-apocalyptique.
Mais ici, pas de fiction. Les paysages ont réellement changé. Les sols sont craquelés, les forêts ont brûlé, les cours d’eau se sont évaporés. L’objectif de Greenpeace est limpide : faire ressentir la violence du changement climatique à travers des images brutes, puissantes, documentées, dans une esthétique qui n’est pas sans rappeler les clichés spatiaux de Mars ou de Vénus.
Une campagne qui interpelle par sa forme autant que par son fond
Ce qui frappe dans cette prise de parole, c’est le choix d’une narration visuelle radicale. Le film, au rythme soutenu, ne s’embarrasse pas de voix off ni de discours explicatif : il montre, il expose, il laisse les images parler d’elles-mêmes. La désolation est son propre langage, et c’est ce qui rend la campagne aussi marquante.
Pour Laura Leal, directrice de l’engagement chez Greenpeace Brésil, « nous vivons déjà les effets de la crise climatique. Mais il est encore temps d’agir ». Ce positionnement n’est pas que moral, il est aussi politique. Greenpeace vise à responsabiliser les acteurs économiques et politiques, tout en mobilisant le public autour de solutions concrètes, comme la protection des territoires, la réduction des émissions et le soutien aux populations locales.
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En parallèle du film, une installation grandeur nature s’invite au Parc Ibirapuera de São Paulo : pendant une semaine, les visiteurs pourront découvrir six photos de la série en format géant, transformant le parc en galerie à ciel ouvert. Une façon de sortir la communication militante des écrans et de la faire vivre dans l’espace public, là où elle peut déclencher des conversations réelles.
Un cri visuel pour sauver ce qui peut encore l’être
« Que Planeta É Esse? » est une question rhétorique, mais aussi une interpellation directe à ceux qui préfèrent détourner le regard. Elle rappelle que, malgré la fascination actuelle pour la conquête spatiale ou la recherche d’eau sur d’autres planètes, notre planète est en train de se transformer… en un endroit qu’on ne reconnaît plus.
Comme le souligne Bernardo Tavares, directeur de création chez Beta Collective : « On parle de trouver de l’eau ailleurs, mais quand on regarde certaines régions du Brésil, on se demande si on ne devrait pas d’abord apprendre à préserver celle qu’on a ici ».
Dans une époque saturée de discours climatiques souvent abstraits, cette campagne frappe là où ça fait mal : dans l’image, dans l’émotion, dans la familiarité perdue. Et c’est précisément ce qui la rend si puissante.
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