Quand on pense à la censure sur les réseaux sociaux, on imagine souvent des contenus inappropriés, violents ou offensants.
Pourtant, Perky, une clinique texane spécialisée dans la reconstruction mammaire post-cancer, en fait les frais depuis des années. Son tort ? Partager des images de tatouages 3D d’aréoles destinés aux survivantes du cancer du sein, une technique qui permet aux femmes ayant subi une mastectomie de retrouver une apparence plus naturelle et d’entamer un processus de guérison émotionnelle.
Malheureusement, les algorithmes des plateformes comme Instagram ou Facebook ne font pas la différence entre un tatouage médical et une image à caractère sexuel. Résultat : les publications de Perky sont systématiquement supprimées, rendant presque impossible la promotion de cette démarche pourtant essentielle.
Un détournement créatif des règles
Face à cette impasse, Droga5 et Perky ont trouvé une solution aussi ingénieuse qu’audacieuse : tatouer des aréoles… ailleurs que sur les seins. L’idée ? Exploiter une faille dans les politiques de censure des plateformes, qui n’interdisent pas la représentation des tétons… tant qu’ils ne sont pas situés sur une poitrine féminine.
Ainsi est née l’opération “Third Nipple” : un événement où six volontaires ont accepté de se faire tatouer des aréoles en 3D sur d’autres parties du corps, comme l’abdomen, la cuisse ou encore le mollet.
Ce hack créatif a permis à Perky de produire des photos et des vidéos qui contournent les restrictions des réseaux sociaux tout en mettant en lumière son savoir-faire et l’importance de ces tatouages pour les survivantes du cancer du sein.
Plus qu’un simple tatouage, une étape clé de la guérison
Derrière cette campagne se cache une réalité bien plus profonde. Pour beaucoup de femmes, perdre un sein, et avec lui son aréole, est une épreuve qui dépasse la seule dimension physique. C’est une perte identitaire, un deuil de son corps tel qu’on l’a connu.
Les tatouages 3D réalisés par Perky ne sont donc pas qu’un simple geste esthétique. Ils marquent la fin d’un parcours douloureux, le début d’une reconstruction psychologique. “Un tatouage, c’est la dernière étape de la guérison, celle où l’on se réapproprie son corps”, explique Crystal Yang, co-fondatrice de Perky.
L’événement a aussi mis en avant un autre aspect du combat : les proches des patientes, qui vivent aussi la maladie de l’intérieur. Certains des volontaires tatoués étaient des hommes, des compagnons, des amis, qui voulaient ainsi afficher leur soutien aux survivantes.
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Une campagne qui dépasse les tatouages
L’initiative ne s’arrête pas à un simple détournement des règles. Avec cette opération, Droga5 et Perky espèrent provoquer un vrai débat sur la censure aveugle des contenus médicaux et sur la nécessité de mieux accompagner les survivantes du cancer du sein.
Aujourd’hui, grâce à cette campagne, Perky peut enfin communiquer sur son travail, toucher plus de femmes et lever le tabou sur cette étape méconnue de la reconstruction post-cancer.
Comme le souligne Lauren Varvara, directrice exécutive de la création chez Droga5 New York : “Ce n’est pas seulement une question de visibilité, c’est un moyen concret de soutenir celles qui en ont le plus besoin.”
Un bel exemple de créativité au service d’une cause essentielle, qui montre que parfois, les meilleures idées naissent là où les règles semblent tout bloquer.
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