Fin 2019, l’EPO (l’office européen des brevets) a rejeté 2 demandes de brevets. Si ces rejets sont assez courants pour différentes raisons, ces 2 là n’ont pas été acceptés pour une raison bien particulière : ils indiquaient « DABUS » en temps qu’inventeur (ce qui signifie qu’ils ont été inventés par des robots ou une intelligence artificielle).
En effet, d’après la loi et comme le précise l’EPO, les inventeurs doivent être de vraies personnes et ne peuvent pas être des robots ou des intelligences artificielles. Pourtant, si on cherche un peu, il n’est pas difficile de trouver des exemples d’innovations imaginées par des robots. Dans la musique électronique par exemple, il y a déjà eu un nombre incalculable de partitions produites par des robots. Ou même des textes littéraires qui ont été rédigés par des intelligences artificielles. Ou encore des oeuvres d’art. Alors pourquoi ne peut on pas reconnaître légalement un robot comme étant le créateur de quelque chose ?
La créativité, un trait qui définit le vivant… mais pas que
Si il y a bien quelque chose qui défini l’homme, l’animal et tous les êtres vivants de la planète, c’est bien la créativité. L’évolution nous le prouve depuis des millions d’années : la créativité permet aux espèces de s’adapter dans leur environnement naturel à travers l’évolution et la transmission de cette créativité par les gènes. Il est donc difficile de concevoir pour nous qu’une intelligence artificielle, non vivante, puisse rivaliser avec notre trait de caractère si précieux. En effet, si on essaye de définir ce qu’est la créativité, on se rend compte rapidement de plusieurs choses : c’est une notion qui utilise la collecte d’informations, la combinaison de celles-ci et la restitution sous une nouvelle forme. Tiens tiens tiens… mais ne serait-ce pas le principe même d’une intelligence artificielle ?
Il serait donc facile d’affirmer que les machines peuvent être créative. Il suffit de leur permettre de combiner des données pour qu’elles puissent répondre à une demande ou créer une solution. Le chemin de création (grossièrement) d’une machine est donc celui-ci :
- Je collecte des données
- Je défini un problème grâce à ces données
- Je trouve une solution en associant ces différentes données
Pour Mario Klingemann, un artiste allemand qui utilise l’intelligence artificielle pour faire ses oeuvres, il n’y a d’ailleurs même pas de débat. Il explique que là où les humains peuvent créer uniquement via les connections et les ressources qu’ils ont appris, les machines elles peuvent créer from scratch. Il indique donc que la créativité humaine (ou plutôt celle d’un individu) se limite à sa propre connaissance et aux connections qu’il va pouvoir faire entre elles. La où une machine bénéficie d’une puissance de calcul conséquente et de données pouvant être « infinies ».
Pourtant, il existe bien une limite à cela, et c’est celle de la fonction que l’on donne à cette machine. Shantanu Narayen, Président-directeur général chez Adobe, nous l’explique d’ailleurs plutôt bien : « Même sous sa forme la plus performante, l’IA ne remplace pas l’intelligence humaine. Elle permet simplement aux utilisateurs de faire ce qu’ils aiment, mieux et plus rapidement. Elle ouvre la voie à des méthodes inédites et attrayantes pour expérimenter, tester et apprendre des clients afin de créer de bien meilleures expériences. »
Difficile de convaincre les consommateurs avec une idée générée via une intelligence artificielle
En parallèle de la problématique de portée et de limite de la créativité d’une IA, il y a également une question éthique et morale qui rentre en jeu. En effet, est-ce qu’une création a la même valeur si elle est créée par l’homme ou par une machine ? Par exemple si demain, une machine créée exactement la même chose qu’un humain, en même temps. Laquelle préféreriez-vous utiliser ? Celle de l’humain pas vrai ?
De plus, il faut aussi prendre en compte que l’intelligence artificielle est quelque chose qui fait peur pour le moment. Les gens ne sont pas prêts à donner aveuglement leur confiance à l’IA, surtout au détriment de celle de leurs congénères. Ce n’est pas pour rien que de nombreux experts comme Elon Musk ou Stephen Hawking mettent en garde contre l’utilisation des IA dans le futur. Une mauvaise pub pour celles-ci donc.
L’IA, un binôme pour la créativité
On peut donc pour l’instant affirmer que la créativité humaine a encore de beaux jours devant elle. Aujourd’hui, il faut plutôt voir l’IA comme un moyen de développer la créativité humaine et comme un outil pour aller encore plus loin. En gros, l’IA peut permettre d’acquérir encore plus de connaissances, faire plus de recherches et créer plus de connections. Un peu comme un « exosquelette » de la connaissance.
L’intelligence artificielle est pour l’instant un outil précieux qui permet surtout d’effectuer des tâches répétitives et appuyer la créativité de l’homme. Pour conclure sur une note plus factuelle, certains experts estiment qu’il y a 50% de chance pour que les machines atteignent l’intelligence de l’homme dans les 50 prochaines années. Et on parle bien d’intelligence et non de créativité.